mercredi 30 janvier 2013

Co-sleeping and bad habits

“Tu ne vas pas t’en sortir ma chérie si tu le laisses dormir dans ton lit” Je discutais hier avec mon amie Lila qui est sage-femme et qui me racontait que lorsqu’elle proposait aux femmes de prendre leur propre bébé dans les bras, ces dernières répondaient très souvent: “Ah bon? Mais çà ne va pas lui donner de mauvaises habitudes?” Comment en est-on arrivés là? Comment notre mental a pu prendre le pas à ce point sur notre instinct? Prendre son enfant dans les bras, le voir s’endormir en sécurité, chaleur, affection, est la chose la plus naturelle qui soit lorsque l’on est passé à travers les montagnes de recommandations du genre: “il va prendre de mauvaises habitudes” “tu n’es pas sortie de l’auberge si tu le prends dès qu’il pleure”, “il faut qu’il apprenne à s’endormir seul”… etc. Le nouveau-né vient de passer 9 mois dans un environnement bruyant, chaud, mouvant, vivant! Comment peut-on d’un coup le mettre dans un lit immobile alors que tout son corps, son âme, demande contact, chaleur, sécurité? Tous les spécialistes s’accordent à dire que les bases psychologiques d’un enfant se jouent essentiellement de 0 à 3 ans. Je crois qu’en répondant simplement, sans compter, à leurs besoins primaires, on leur assure des bases de sécurité intérieure, de confiance en eux, qui leur serviront toute leur vie. Nous sommes des mammifères, les amis, et nos cousins les singes sont bien moins fous que nous. Tant que le bébé singe n’est pas en mesure de marcher seul, il est tout-contre sa maman, avec tété à la demande et dodo en peau à peau. On n’a jamais vu une guenon laisser sa progéniture sur l’arbre d’à côté pour la nuit! Ah oui, et celle là est excellente aussi “tu vas devenir esclave de ton enfant”. On entend comme un bruit de chaînes accompagner cette interjection, avec le fantôme des galères qui n’est pas loin. Mais qui est esclave dans cette histoire? C’est bien la personne qui fait cette remarque. Esclave d’un courant de pensée intervenu dans les années 60 qui participe à faire de nous de gentils robots dociles, de bons petits consommateurs mal dans leurs baskets. J’ai pour ma part laissé parler tous ces grands conseillers, faisant confiance à ma fille, à son instinct et au mien. Elle a aujourd’hui 2 ans et un mois, et lorsque l’on a des invités à diner, il arrive souvent qu’ils soient tout étonnés de la voir aller au lit tranquillement quand elle a sommeil. Elle va se lover dans son lit toute contente, me demande “d’éteindre la lune” (la lampe au dessus de son lit). Et s’endort toute apaisée (avec son papa qui veille sur elle lorsque je travaille, ou en tétant tranquillement lorsque je suis là). Elle a dormi dans notre lit jusqu’à ses 21 mois. Cela nous a paru très naturel à tous, la plupart du temps. Quelques tensions quelquefois à cause de la fatigue, mais je pense, beaucoup moins que s’il avait fallu se lever dans la nuit pour aller dans une autre chambre, préparer un biberon , etc… Elle tétait à volonté la nuit, je me réveillais à peine et me rendormais aussitôt. Mon chéri dormait comme un loire.. bon, çà, c’est une chance, il a un sommeil de plomb. Je l’ai envoyé quelquefois dans le salon lorsqu’il ronflait, et nous avons migré quelquefois aussi tous les deux pour nous retrouver. A 21 mois papa ours a exprimé le désir de lui faire une chambre bien à elle, honnêtement je n’en ressentais pas l’utilité, pas encore, mais je sentais aussi que la pitchoune était bien rassurée la nuit, et que je pouvais peut être en profiter pour tenter un sevrage nocturne. Il est vrai que j’en avais assez d’avoir un sommeil haché, je rêvais d’une nuit de sommeil entière! Bref, on lui a fait sa chambre, arrangé son petit lit, et je lui ai bien tout expliqué, lui disant que j’avais besoin de dormir, que dorénavant, la nuit, les tétés feraient dodo eux aussi. Mais que si elle m’appelait, je viendrais lui faire des câlins ou lui proposer de l’eau, mais fini l’allaitement la nuit! La 1ère nuit a été difficile pour elle, beaucoup de pleurs, je lui réexpliquais qu’elle pouvait avoir de l’eau ou des câlins. J’ai dormi avec elle. La 2nde nuit, elle a accepté de boire de l’eau, et la 3ème nuit elle ne s’est réveillé qu’une fois, a tenté une dernière fois un timide “maman tété?” et s’est rendormi aussi sec quand j’ai commencé mon p’tit discours. Depuis, je peux dire qu’elle “fait ses nuits” Aaah! leluia, on dort bien, si elle m’appelle dans la nuit (peut-être environ 1 nuit sur 4) je viens lui faire un bisou, lui propose de l’eau, mais elle se rendort en 1 seconde à chaque fois. Je ne l’ai jamais laissée pleurer. Je ne veux pas que pour elle le sommeil rîme avec un sentiment d’insécurité. Je crois qu’en laissant pleurer les bébés ils finissent pas associer la nuit avec une expérience désagréable, et que c’est l’une des causes à nos insomnies et nombreux troubles du sommeil une fois arrivés à l’âge adulte. Petite précision: lorsque je dis “laisser pleurer un bébé” c’est sous-entendu “seul” (cf ferbérisation et compagnie), car je sais bien qu’un bébé a besoin d’exulter le soir, mon but n’est pas à tout pris de faire cesser les pleurs, mais qu’ils trouvent en face une réponse, un réconfort, des bras pour les laisser s’exprimer en toute confiance. Le cododo n’est pas une mode, c’est vieux comme le monde. C’est d’ailleurs aussi, dans le monde, une pratique largement majoritaire. Je repense à tous ces gens qui, lorsqu’ils découvraient que l’on dormait tous les trois, haussaient les sourcils avec un grand soupir réprobateur ou qui m’expliquaient que mon enfant avait besoin de son espace à lui. Cà me fait sourire lorsque je vois aujourd’hui ma louloute courir dans son lit en nous disant “Bonne nuit maman! papa! dodo!”